histoire d'hier ...

C’est en 1732 que la première Loge française fondée à Paris reçoit patente de la Grande Loge de Londres dite des « Moderns ».  Des Loges anglaises (au rite des Modernes) avaient existé en France depuis 1728, peut-être même 1726.  Très rapidement, d’autres Loges françaises sont créées en province.  En 1738, toutes ces Loges constituent la première Grande Loge de France (au rite anglais des Modernes).  A la veille de la Révolution, l’Ordre maçonnique français a conquis dans le pays une place considérable : plusieurs dizaines de milliers de Francs-Maçons sont répartis dans deux obédiences principales : la Grande Loge de France (GLF) et le Grand Orient de France (GODF) créé en 1773.  Nobles et bourgeois s’y côtoient depuis l’origine.  Les deux Obédiences fusionnent temporairement en 1799.  Entre 1782 et 1786, le GODF obtient – via sa Chambres des Grades et la constitution d’un Grand Chapitre Métropolitain (puis Général de France) l’établissement d’un recensement des « carnets des Rituels » pratiqués (tant pour les 3 premiers Grades que pour les Grades adjoints à la Maîtrise) et établit une « nomenclature des Grades et Ordres » du Rite des Modernes, dit « Rite du Grand Orient de France ».  Dans nos contrées, il s’appelle « Rite des Modernes » ou « Rite Anglais » ou encore « Rite réformé ».

Il ne s’appelle « Rite Français » en France ! qu’à compter de l’apparition et de la prégnance en 1804, sous l’égide du Grand Maître et Archi-Chancelier Jean-Jacques Régis de Cambacérès, du « Rite Ecossais Ancien et Accepté » branche continentale de la Maçonnerie des Ancients et revendiquée comme telle dans le Tuileur écossais de 1801.  En 1804, donc, se crée le « Suprême Conseil de France du Rite Ecossais Ancien et Accepté », qui va provoquer la réunion d’une Grande Loge Générale Ecossaise.  Ce Suprême Conseil existe encore aujourd’hui, rue Puteaux à Paris, à l’enseigne de la GLF, et a juridiction sur les Hauts-Grades.

A la fin de la même année, Napoléon 1er contraint les Francs-Maçons à n’avoir plus qu’une seule obédience, le GODF, pour les trois premiers degrés (Apprentis, Compagnons et Maîtres-Maçons), le Suprême Conseil du Rite Ecossais Ancien et Accepté gardant son autorité sur les autres grades de la Franc-Maçonnerie française, au détriment du Rite des Modernes.  Dans les années qui suivent la chute de Napoléon, sa volonté n’est plus respectée et la situation maçonnique évolue avec la création de nombreuses Loges qui ne dépendent pas du GODF.  Progressivement, ces Loges se rassembleront sous l’autorité du Suprême Conseil de France.  C’est l’extinction, en France, progressivement des « Ordres de Sagesse » du Rite Français au profit de l’échelle en 33 grades  du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Chez nous, le Rite des Modernes – dénommé « Rite Ecossais Réformé » à compter de l’épisode hollandais de nos provinces – en sept étapes (3 degrés et 4 ordres) poursuit ses travaux aux grades bleus et capitulaires jusqu’en 1845, au moins, comme en atteste une demande adressée par la Loge « Les Vrais Amis de l’Union et du Progrès Réunis » à l'Orient de Bruxelles, au Grand Orient de Belgique (GOB) – avec copie aux Loges dont une conservée par la Loge « Les Amis Philanthropes » –, demande de création d’une « Chambre d’Administration » au sein du GOB pour administrer les Hauts-Grades du Rite Moderne (demande restée sans réponse ni débat de la part du GOB laissant, ainsi, intacte la tradition de Chapitres souverains créés au sein et par des Loges souveraines.

L’année 1877 marque, en France, un tournant important dans l’histoire de la Franc-Maçonnerie.  Alors que dès 1866, la Loge belge « Les Amis Philanthropes » abandonne l’obligation d’invocation du « Grand Architecte de l’Univers », ce n’est qu’en 1877 que le GODF autorise ses Loges à abandonner cette invocation obligatoire et la Bible,  éléments fondamentaux de la Franc-Maçonnerie des Ancients dont le Rite Ecossais Ancien et Accepté est héritier, provoquant ainsi des remous importants dans le monde maçonnique.  Pour le Rite des Modernes, par contre, Bible (« Volume de la Loi Sacrée » selon le Rite Ecossais Ancien et Accepté) et « Grand Architecte de l’Univers »  ne sont pas absents mais meubles et, donc, ne constituent absolument pas une pierre angulaire du Rite.

Le Suprême Conseil de France devient, dès lors, l’autre pôle de la Franc-Maçonnerie française, dorénavant et à nouveau divisée en deux pôles complets et distincts : le Grand Orient de France au Rite des Modernes (mais exclusivement pour les 3 premiers grades) et le Suprême Conseil de France du Rite Ecossais Ancien et Accepté.  En 1894, quatre-vingt dix ans après sa fondation, le Suprême Conseil favorise la renaissance de la Grande Loge de France (GLF) – travaillant, exclusivement au Rite Ecossais Ancien et Accepté – dans sa forme juridique actuelle et lui délègue autorité sur les trois premiers degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

 

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